Pour mon prochain roman, (celui d'octobre 2011 puisque celui d'octobre 2010 est déjà fini) je me retrouve à créer un monde avec tous les problèmes que cela sous entend: cohérence des décors, des narrations, des situations et des personnages. Cela me rappelle la phrase de Philip K Dick: "Si vous croyez que c'est facile de créer un univers essayez d'en faire un qui ne s'effondre pas au bout de 4 jours".
Naturellement tous les mondes mêmes imaginaires ont tendance à s'effondrer et il faut déployer un trésor d'énergie pour que la mayonnaise tienne.
Mais il y a un moment ou si l'on a bien tout positionné, le monde et ses personnages vivent touts seuls sans vous. Et alors on n'est plus créateur d'un monde on est juste... spectateur.
Les deux expériences (créer et observer) sont assez jouissives quand on sait les alterner.
Autre règle que je me remémore: pour qu'un chapitre soit bon il doit pouvoir fonctionner tout seul. Donc chaque chapitre doit être une petite nouvelle avec un début un milieu et une fin surprenante.
Bon voilà après 9 mois de gestation, le bébé a terminé sa croissance et devrait naitre le 1 er Octobre 2010. Il fait 630 pages et c'est un Isidore et Lucrèce, c'est à dire un polar scientifique avec pour support un crime au début et une grande découverte scientifique inconnue à la fin. Dans l'esprit du Père de nos pères et de l'Ultime Secret, quoi. Pour la naissance du petit dernier il y aura une fête de baptême le 30 Septembre 2010 à 18h au Virgin Megastore des Champs Elysées à Paris.
Je viens d'apprendre ce matin la mort de Patrick Cauvin à "77 ans des suites d'un cancer" comme il est écrit dans le journal. Patrick a été plus qu'un ami, il a aussi été l'un de mes maitres en écriture. La lecture de son roman "E=MC2 mon amour" en 1977 m'avait énormément impressionné par sa maitrise, son style et son humour. En 1983 alors que j'étais jeune journaliste j'avais eu le privilège de l'interviewer dans son appartement à Montmartre et il m'avait confié que son secret était la régularité du travail "se mettre tous les matins devant sa machine à heure fixe". Cette phrase déjà entendue chez Frederic Dard m'avait confirmé dans la voie à suivre. Je lui avait demandé alors ce qu'il faisait l'après midi et il m'avait juste dit "Je vais au cinema". Ecrite le matin, voir un film l'après midi cela me semblait le boulot idéal. En le voyant heureux avec son chat j'avais alors prononcé "Mais en fait vous avez trouvé le meilleur job du monde" et il m'avait répondu "dans un premier temps oui cela a l'air formidable mais il y a un prix à payer". Quand en 1991 je l'avais retrouvé en temps que "collègue" chez mon éditeur Albin Michel, je n'avais cessé de lui répéter que c'était un peu grace à lui que je m'étais acharné à finir mon manuscrit des "fourmis" et je lui demandais "c'est quoi le prix à payer pour ce métier formidable" et il m'avait juste répondu "tu vas voir". Depuis j'ai certes découvert beaucoup de "revers" de la médaille mais je ne sais pas à quoi il faisait allusion précisément. C'était un type généreux, simple, marrant et qui dénotait énormement du milieu littéraire un peu collé monté. J'avais commencé à le lire alors qu'il faisait des critiques cinema dans Pilote (le journal de Goscinny) et il y avait un peu de Petit Nicolas dans cet ancien instituteur devenu un grand monsieur du roman et du scénario. Adieu Patrick.
Le prochain roman s'appelle "LE RIRE DU CYCLOPE". C'est un Isidore et Lucrèce donc une enquête policière sur fond de découverte scientifique inconnue. Le Cyclope est un célèbre humoriste à la mode qui meurt seul dans sa loge d'un fou rire. Simple incident cardiaque ou assassinat? Nos deux enquêteurs penchent pour la deuxième hyphothèse et se mettent en route. Ils découvrent dès lors en Bretagne une société secrète qui depuis plus de 3000 ans invente les fameuses blagues anonymes que tout le monde se raconte. Cette société essaie d'influer sur la société pour la rendre plus humaine ou tout simplement plus drole. Cependant le pouvoir du rire attire des convoitises, beaucoup veulent maitriser le rire des autres pour avoir un surplus de pouvoir politique, d'argent, de célébrité. Derrière les paillettes et la légèreté du monde des comiques, un univers sombre et des enjeux inconnus du grand public se dévoilent. Et tous recherchent le Graal, la blague absolue auquel nul ne résiste. Isidore et Lucrèce devront rechercher au fond d'eux mêmes la force et la spiritualité capables de les faire accepter dans ce monde parallèle si peu connu. Et ils comprendront que la clef de l'enquête est la compréhension du phénomène même de l'humour. L'homme est le seul animal qui rit. Mais à quoi cela lui sert-il vraiment?
PS 1 : Plusieurs blagues du livre sont issues du
coin blagues de ce site. Donc une partie de ce roman a pu être écrite grace à vous. C'est le premier roman a zone d'écriture interactive....
PS 2 : le choix même du thème est issu de
votre vote sur le recueil de nouvelles "Paradis sur mesure". Vous aviez placé "LA OU NAISSENT LES BLAGUES" en tête donc cela m'a permis de choisir ce sujet. "Là ou naissent les blagues" est une sorte de pré sequel du "RIRE DU CYCLOPE".
Dans les Thantatonautes j'avais trouvé cette loi indienne qui disait que pour une vie soit complète il fallait avoir fait 1) une oeuvre artistique, 2) connu une histoire d'amour, 3) fait un enfant, 4) avoir éduqué cet enfant et 5) avoir planté un arbre. Donc le 12 septembre je me suis occupé de remplir la dernière de ces obligations. C'est un olivier. Il a déjà des fruits. Pour l'instant je l'appelle Georges. Je vous tiendrais au courant de la suite de ses aventures si cela vous intéresse. (En tout cas pour l'instant il a l'air plus affectueux que mon chat).
PS1 : petite pub: mon copain humoriste Sellig passe durant le mois de Septembre a Paris aux feux de la rampe à 21h30 si vous voulez allez le voir il suffit d'appeler pour réserver au 01 42 46 26 19. Si vous ne l'avez pas encore vu sachez que c'est vraiment extraordinaire. Quant à ceux qui le connaissent déjà, ils savent.
PS2 : Allez voir le film de Claude Lelouch "Ces Amours Là". Tout simplement parce que Claude est un génie.