HISTOIRE VECUE N°25 : LE PARADOXE DE L’INSPIRATION.
Chaque année a la fin du mois de Mai c’est la même chose. Je termine la relecture et les dernières corrections du manuscrit pour octobre et je commence à être hanté par le projet du roman suivant.
Si bien que le roman en cours me semble celui de l’année précédente que je termine par devoir alors que le nouveau me semble la zone d’exploration et de découverte donc il est beaucoup plus excitant.
Et là tout en corrigeant et relisant le roman d’octobre 2023, en fait je n’ai qu’une envie poursuivre l’écriture du prochain (celui d’octobre 2024) en inventant les scènes.
Mes nouveaux personnages marionettes m’inspirent plus que mes anciens.
En fait j’en rêve la nuit. Je rêve des scènes du roman de 2024.
Je vis déjà avec les nouveaux personnages, mes nouveaux futurs amis, alors que je dois gérer mes anciens personnages, ceux qui m’excitaient l’année dernière et qui vont vous être présentés cette année.
En fait à bien y réfléchir, pour que j’écrive bien il faut que j’ai l’impression que c’est INTERDIT ou tout du moins que c’est immoral de prendre du temps pour écrire le roman alors que je dois faire autre chose.
Jamais je ne suis autant productif que lorsque je sais que je risque de rater un train si je ne m’arrête pas d’écrire pour partir sur le quai.
J’en ai déjà raté plusieurs.
De même une fois que je suis installé dans le train il m’arrive de rater la sortie parce que précisement je suis trop immergé dans l’histoire que je raconte.
De même je suis très inspiré par les rendez vous à la télévision où il faut surtout arriver à l’heure ou tous les rendez vous importants. Là je peux écrire des scènes très cinematographiques à une vitesse de frappe de clavier spectaculaire.
Cela doit d’ailleurs se ressentir dans la lecture. Ce sont souvent les scènes de batailles, d’amour, de voyage. Donc les scènes qui réclament le plus d’énergie.
Il faut que j’ai l’impression que je vole du temps pour bien écrire des histoires.
Cela peut être agaçant pour l’entourage.
“Quoi c’est maintenant que tu as l’inspiration ! Ah non ce n’est vraiment pas le moment !” combien de fois ais je entendu cette phrase.
Et pourtant si. Précisement parce que c’est interdit, c’est le moment le plus productif.
Déjà à l'école, puis au lycée j'étais plus performant dans l'urgence et la culpabilité.
Je crois que pour moi écrire est un acte de rebellion, un acte antisocial, un acte contre le système.
J’ai écrit LE PAPILLON DES ETOILES, exceptionnelement le soir à toute vitesse après le tournage, et le montage des scènes de mon film “NOS AMIS LES TERRIENS” en me disant qu’il faudrait mieux que je dorme pour avoir des forces pour diriger les acteurs le lendemain.
En fait pour moi l’inspiration vient d’un sentiment diffus de faire quelque chose d’interdit.
Peut être certains parmis vous qui écrivent ou qui sont créatifs connaissent aussi ce sentiment : être productif dans l’urgence ou dans le sentiment de ne pas avoir le droit de le faire?

PS : ci dessous une image du tournage du film "NOS AMIS LES TERRIENS" en 2005 avec une grue au dessus du cimetière pour tourner la scène du travelling en hauteur final.