greenrepublic.fr  29 octobre 2008

Green Werber !

par Green Olivia

 
A l'occasion de la sortie de son dernier livre, Paradis sur Mesure, aux Editions Albin Michel, Bernard Werber a accepté d'inaugurer les green-interviews. Une des nouvelles de son recueil se nomme « Et l'on pendra tous les pollueurs » ! Tout un programme...
 

• Si je vous dis écologie quelle est la première image qui vous vient à l'esprit ?

Nature. Je n'aime pas trop le mot écologie, j'aime parler de la vie. Toute personne vivante étant dans la nature est déjà automatiquement dans le système écologique. Pour moi, qu'il y ait un parti écologique c'est une aberration, c'est comme s'il y avait un parti pour se laver le matin ! Il me semblait évident qu'étant des êtres vivants dans un milieu vivant nous avions envie de préserver cette vie. Donc, le fait qu'il y ait besoin de créer un parti écologiste c'est comme s'il y avait un parti de la mort !

• Il y a problème sur la notion de respect de cette nature…

Au moment où vous jetez un papier par terre, c'est entre vous et vous. Il y a le pollueur et l'écologiste mais je dirais plutôt qu'il y a la personne qui a conscience d'être dans cette nature et des gens qui sont juste dans la fainéantise. Qu'est ce qui fait qu'on ne va pas amener un papier jusqu'à une poubelle ? La fainéantise. Il n'y a pas une volonté d'aller contre la nature, même pas, juste un manque de conscience. Est ce qu'on a conscience d'être un être vivant qui fait partie d'une histoire, d'une espèce qui doit se prolonger ? Pour moi, l'écologie, c'est la conscience de la nature et de la vie !

• Quels sont vos gestes écologiques quotidiens ?

Je suis écolo parce que je tente de ne pas polluer. Je circule en vélo, je ne mange pratiquement pas de viande, mais pour moi ce ne sont pas des efforts, c'est ainsi que je me perçois dans la nature. Je suis très agacé, quand je prends l'avion, de voir qu'on nous sert des verres en plastique, et lorsqu'on demande un autre verre, on nous redonne un autre verre ! Alors je les engueule ! Et j'essaie aussi d'éviter les restaurants japonais où il y a des baguettes jetables parce que je trouve ça scandaleux de massacrer un bout de bois juste pour un déjeuner ! Ma conscience écologique est beaucoup dans l'agacement. Quand j'achète un ordinateur, par exemple, tous ces emballages, m'agacent ! Et puis, je mange bio, mais c'est égoïste, je n'ai juste pas envie de mettre des produits néfastes dans mon corps ! Mais ce que je fais de plus écologique, ce sont des livres dans lesquels je fais prendre conscience aux gens de ce qu'est la nature et de ce qu'est la vie.

• Que faire selon vous pour que les gens respectent l'environnement ?

Dans la nouvelle « Et l'on prendra tous les pollueurs » (Paradis sur mesure, Editions Albin Michel), la première scène se passe à Central Park : tous les pollueurs sont pendus aux arbres et voilà c'est réglé ! Il n'y a plus de pollueurs, plus de pétrole, plus de voitures, ni d'électricité…Les gens conduisent en voitures à pédales et quand on prend l 'ascenseur, il y a des gens qui tournent dans des tambours. Tout le monde est dans l'effort musculaire plutôt que dans le pétrole. Les gens du coup sont sportifs et on a réglé le problème de l'obésité !

• C'est ce que vous feriez si vous étiez élu Président ?!

Dans mon roman le trou de la couche d'ozone est tel que s'il s'agrandit, tout le monde meurt donc il n'y a plus le choix. C'est la situation de non choix qui entraine cette situation de coercition. En général, l'humanité fonctionne sur un mécanisme simple semblable à la situation de l'enfant qui a besoin de se coincer les doigts dans la porte pour comprendre qu'il ne fallait pas le mettre ! Si j'étais président, je commencerais par de toutes petites choses : déjà interdire les prospectus dans les boites aux lettres. Je ne crois pas aux révolutions fortes « en vrai » même si j'en parle dans mes livres.

• Comment faire renoncer les gens aux plaisirs modernes et pollueurs ?

Lire mes nouvelles ! ( rires). Dans mes nouvelles, je décris un monde où il n'y a plus de voiture. Les gens arrivent bien à renoncer à fumer dans les lieux publics, il n'y a pas dix mille solutions…

• Faire une loi ?

Oui il faut faire une loi. Il ne faut pas compter sur le coté moralisateur des gens. Tout le monde vous dira ce qu'il faut faire, mais après, le plaisir de faire vroum vroum en 4X4 pour certains est tellement fort qu'ils ne voudront pas renoncer à ça ! Il y a deux chemins, soit on y va volontairement, soit on n'y va pas volontairement, et dans ce cas il y a besoin de lois. Mais pour moi, le principal problème c'est le pétrole. Pour moi, le pétrole c'est le pire. Pire que le nucléaire. C'est ce qui fait que quand vous êtes dans la rue vos yeux grattent, c'est ce qui fait que certains pays entretiennent le terrorisme mondial, c'est vraiment le trou noir. Le deuxième problème qui me semble très important c'est la croissance démographique. Le premier acte écolo consisterait à proposer à toute l'humanité de faire deux enfants maximum parce que de toute façon notre planète ne pourra pas passer de 6 milliards à 10 milliards de gens, non éduqués écologiquement- parce que notre conscience écologique, elle existe en Europe, mais c'est de 200 Millions de personnes donc même si on jette nos papiers et si on fait du tri, le vrai enjeu c'est l'Inde, l'Afrique et la Chine. Le tri sélectif c'est déjà énorme mais c'est si peu par rapport à tout ce que va déverser comme produit chimique une usine chinoise tenue par un nabab qui pense qu'à faire de l'argent pour se payer tous les 4X4 ! Ceux là on ne peut pas les raisonner !

• Mais dans ce cas, que faire ? C'est une question politique ?

Nous devons faire du mieux possible à notre niveau, mais l'important est ailleurs ! Pour assurer ce contrôle des naissances, il faudrait un gouvernement mondial, planétaire. Regardez, en Allemagne, il y a eu les verts, mais les usines sont ailleurs, en Chine, ou en Inde ! C'est pour ça que je parle de gouvernement mondial. Je crois que pour que demain soit meilleur il faut déjà penser à aujourd'hui ! Je crois que si les ordinateurs existent, c'est qu'on a rêvé l'ordinateur…

• Donc vous êtes un artisan du rêve avec vos livres…

Je propose des rêves oui, mais je propose aussi à d'autres d'en créer et c'est pour ça d'ailleurs , que j'ai créé l'association l'arbre des possibles*, qui a six ans : je propose à tout le monde de réfléchir sur un futur meilleur.

• Vous pouvez nous conseiller des œuvres qui parlent du respect de l'environnement ?

Dune, de Frank Herbert et Le cycle d'Ender, d'Orson Scott Card.

• Finalement, êtes-vous pessimiste ou optimiste ?

Je suis pessimiste sur le court terme, optimiste sur le long terme ! Ca va être comme Tchernobyl, il va y avoir une grosse catastrophe avec le pétrole entre autre et là on se dira que si on veut que nos enfants soient en vie, faudrait faire quelque chose. C'est ce quelque chose, que j'appelle le gouvernement mondial, qui pourrait surveiller l'écosystème et pas des écologistes qui essaient d'avoir des voix à l'assemblée...

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