La planète des chats» de Bernard Werber: l’Amérique, une terre promise?
MARIE-FRANCE BORNAIS
Samedi, 5 décembre 2020 01:00
MISE À JOUR Samedi, 5 décembre 2020 01:00
Après l’effondrement de la civilisation humaine, les chats ont pris le contrôle, mais n’ont pu résister aux rats qui ont envahi l’Europe. Dans le troisième roman de cette série fantaisiste, pleine de rebondissements, Bernard Werber entraîne l’équipée dirigée par la chatte Bastet du côté de l’Amérique, où les chats espèrent trouver refuge. Est-ce que ce sera vraiment le cas? Bastet fait tout pour rallier les quelques humains qui ont survécu au cataclysme.
À peine arrivée en vue de la côte, la petite communauté installée à bord du grand voilier Dernier espoir réalise que le sol américain n’a pas été épargné par l’invasion. Les rats sont partout. Ils recouvrent la statue de la Liberté et les hommes ont disparu de l’horizon.
Après une bataille sanglante, au cours de laquelle la communauté perd bien des soldats, Bastet et sa troupe sont recueillis in extremis par des humains réfugiés dans quelques édifices. Bastet, toujours équipée de son port USB, va devoir refaire sa place au sein d’une démocratie chancelante, découpée en 102 tribus.
Écrivain fascinant, visionnaire, branché sur la science, le savoir et les nouvelles technologies, Bernard Werber explique en entrevue qu’il voulait faire vivre à ses personnages des aventures différentes en leur faisant traverser l’Atlantique.
«Sur le continent américain, tout est plus fort : les maisons sont plus grandes, les rats sont plus nombreux et les enjeux sont plus importants», commente-t-il.
Fonction : guetteur
Il se nourrit de l’actualité pour écrire. «J’ai été journaliste et je suis l’actualité comme un feuilleton. Je regarde ce qui se passe dans le monde et j’essaie de sentir ce qui va se passer. Je crois que la fonction d’un bon écrivain, c’est d’être un guetteur, d’observer les phénomènes avant qu’ils arrivent.»
L’effondrement de la civilisation humaine qu’il décrit dans cette série fait-il écho à ce qu’on vit en ce moment, planétairement? «Je crois qu’on est arrivés à un moment où il faut se poser des questions. C’est aussi notre fonction à nous, écrivains, de participer à ce débat parce qu’on ne peut pas laisser que les politiciens réfléchir à ça. Maintenant, j’ai l’impression que tout le monde réfléchit un peu de la même manière, donc il faut chercher de nouveaux angles.»
Bernard Werber observe que nous sommes présentement à un carrefour, duquel peut ressortir le meilleur ou le pire. «Les chats, c’est pas une solution, c’est juste une manière de montrer qu’on peut penser différemment.»
Les technologies
Bernard Werber fait remarquer que ce dont il parle dans ce livre ne relève pas de la pure imagination. «La plupart des informations que je mets dans mes livres ne sont pas des délires. C’est juste que tout le monde n’est peut-être pas au courant qu’il existe des moyens d’aller plus vite, que ce soit avec les sondes, avec internet, ou avec les robots.»
Il ajoute être curieux de tous les trucs peu connus et un peu extraordinaires, mais réels, ce qu’il appelle dans le livre L’encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu. «C’est une sorte de boîte aux trésors. Dès que je trouve une petite pépite d’informations peu connues, je la mets dedans et ça me permet, après, de la mettre dans le livre.»
La ronronthérapie
En écrivant la trilogie, il a appris que le ronronnement des chats soignait et permettait de ressouder les os. «Pour des gens énervés, le fait d’avoir un chat est une sorte de calmant permanent, notamment grâce au ronronnement. C’est quelque chose que je ne savais pas.» Et il l’a testé. «C’est un excellent remède!»
Depuis la publication de son best-seller Les Fourmis, Bernard Werber est l’un des romanciers les plus lus en France.
Ses romans sont traduits dans le monde entier, notamment en Russie et en Corée du Sud, où il est un véritable auteur-culte.
Ils ont été vendus à des millions d’exemplaires.
La planète des chats est la suite de Demain les chats et Sa majesté des chats.
EXTRAIT
La planète des chats
Bernard Werber. Éditions Albin Michel, environ 420 pages.
ÉDITIONS ALBIN MICHEL
La planète des chats
Bernard Werber. Éditions Albin Michel, environ 420 pages.
«Nous sommes sur le grand voilier Dernier espoir, nous avons traversé l’Atlantique en trente-cinq jours éprouvants, et face à nous surgit l’immense cité humaine qu’ils nomment “New York”.
Pourtant, le rêve américain s’effondre comme une montagne de croquettes trop haute dans une gamelle trop étroite.
Nous pensions trouver un sanctuaire dépourvu de rats et l’endroit est finalement encore plus envahi par ces maudits rongeurs que Paris. À vue de museau, il y a bien cent fois plus de rats ici que là d’où nous sommes partis.»