L'express. François Busnel.
Pour ceux qui n'arrivent pas à lire dans cette image:
LE RETOUR DE BERNARD WERBER
Par François Busnel (L'Express), publié le 14/11/2012 à 07:00
Avec son dernier roman, Troisième Humanité, Bernard Werber démontre qu'il est un véritable visionnaire.
Bonne nouvelle : Bernard Werber s'est remis au travail ! Longtemps, cet éternel jeune homme, boudé par une presse littéraire qui semble avoir définitivement remplacé la curiosité par le cynisme (mieux payé, paraît-il, dans les cercles parisiens), s'est contenté d'être l'auteur d'une (bonne) saga, Les Fourmis. Ancien journaliste scientifique, ouvert à tout ce qui relève du savoir et de la connaissance, brassant les mythes et la philosophie, Bernard Werber s'est parfois aventuré dans des domaines qu'il maîtrisait mal (Le Cycle des dieux) et a toujours revendiqué une écriture relâchée, se coupant ainsi d'un public dont il espère pourtant la reconnaissance. Pour ma part, dès qu'un de ses gros volumes arrive sur mon bureau, je l'ouvre. Depuis quelques années, je le refermais après quelques pages, triste de constater que celui qui m'avait tant plu jadis s'égarait dans de mièvres intrigues rédigées à la va-vite. Et voici que notre homme surprend à nouveau avec un roman qu'il est impossible de lâcher avant la dernière page !
Troisième Humanité débute comme un bon Jules Verne, au centre de la Terre. Une expédition scientifique découvre un cimetière de géants sous l'Antarctique. Ces êtres hauts de 17 mètres ne sont autres que nos ancêtres. La preuve qu'exista avant nous une civilisation plus avancée. Au moment où l'expédition est exterminée, deux jeunes chercheurs s'apprêtent à partir au bout du monde : l'un, spécialisé dans l'étude de l'influence du milieu sur la physiologie humaine, s'intéresse à la réduction de la taille des espèces. Selon lui, tout va en se miniaturisant. L'autre, endocrinologue, entend prouver que l'évolution tendra vers la féminisation. Que sera le futur de l'humanité ? Comment améliorer la vie des générations futures (et, pour commencer, éviter la Troisième Guerre mondiale, puis la surpopulation) ? Tout cela se pense aujourd'hui. A partir, notamment, de l'idée de la métamorphose. Werber mêle admirablement les légendes de tous les pays, les thèses scientifiques les plus osées et les peurs millénaristes. Il en ressort un livre étonnant (en dépit de quelques naïvetés d'ordre psychologique et politique, mais qu'importe), construit comme un thriller. Et qui replace son auteur au rang qui lui revient : un visionnaire dont nous avons besoin.
Une chronique de François Busnel