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01.10.2017

PETITES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES QUE J’AI RÉELLEMENT VÉCUES.
Élément de Puzzle numéro 05.

« LA RENCONTRE AVEC MA PREMIERE MEDIUM : MONIQUE”

Je me souviens.
C’était en Septembre 1997, j’avais 36 ans.
C’était une période plutôt basse, je venais de connaitre un échec de vente en librairie avec les Thanatonautes (du coup je songeais à arrêter le métier d’écrivain), je venais de divorcer, le projet de film des Fourmis était stoppé et tous les autres signaux étaient au rouge.
Cela correspond au tarot à la carte du pendu, quoiqu’on fasse, ça n’avance pas et plus on se débat, plus cela serre les cordes et fait encore plus mal, donc il faut rester immobile et attendre que cela se débloque.
Période de solitude, de doute professionnel, et période de cocooning ou je restais seul à la maison à lire des romans et regarder des films.
Arrive mon anniversaire, moment de mise au point annuel ou je réunis les quelques amis qui me restent (durant les périodes de replis la tribu rétrécit) dont Marie Pierre Planchon (l’excellente miss météo de France Inter). Cette dernière me dit : “pour ton anniversaire je voudrais t’offrir la rencontre avec quelqu’un d’extraordinaire’’.
J’accepte ne sachant trop sur qui j’allais tomber. La première rencontre a lieu un soir dans un appartement de banlieue ou je trouve une vingtaine de femmes de plus de 50 ans, assises sur des chaises en cercle. Je me retrouve le seul homme au milieu de cette assemblée. On se croirait au milieu d'une réunion Tupperware de femmes se tenant au courant de dernière technique de vente au porte à porte. Arrive Monique Parent Baccan, une dame plutôt ronde et un visage poupin souriant, aux belles joues et aux cheveux blonds réunis en queue de cheval.
Elle a une voix douce, s’installe et annonce qu’elle est connectée à un ange et que les gens présents peuvent poser des questions.
“Pourquoi il y a de la violence sur Terre”? demande un dame.
Les autres questions sont du même acabit.
Je m’ennuie et finis par m’endormir alors que je suis assis, bien visible, dans le cercle.
A la fin Marie Pierre me secoue pour me réveiller et me demande “Alors tu en as pensé quoi?”
- Aucun interêt, réponds-je. Cette femme ne m’a pas du tout convaincu. J’espère juste que le fait que me sois endormi au milieu du groupe ne les a pas perturbé, j’ai ronflé?
- Ah, ça ne t’a pas plu? C’est dommage car je t’ai demandé une séance privée demain matin.
- Annule, cela ne m’intéresse pas du tout. Tu sais je suis plus intéressé par la science que par l’occultisme.
- Zut, écoute, c’est compliqué, vas-y juste pour me faire plaisir, je lui ai déjà payé la séance….
Alors essentiellement pour honorer le cadeau je me rends à la séance privée qui a lieu cette fois dans l'appartement de Marie Pierre, dans le 7 ème arrondissement.
Là Monique Paran Baccan commence par se présenter :
- Vous savez monsieur Werber, Marie Pierre m’a dit que vous étiez écrivain, mais moi personnellement j’ai été éduquée à la campagne et je n’ai jamais lu de livres sans images jusqu’au bout, je ne lis que des bandes dessinées, donc désolé je ne vous connais pas.
Là dessus elle sort un papier et un paquet de feutres colorés et tout en parlant elle commence à faire une sorte de jolie rosace qu’elle colorie.
- Avez vous amené une cassette pour enregistrer la rencontre ?
Je lui tends l’objet qu’elle enfonce dans un vieux magnétophone en plastique. Puis elle appuie sur la touche enregistrement.
- Bon tout d’abord, est ce que vous voulez parler à votre ange gardien ? me demande-t-elle tout de go.
- Hé bien … oui pourquoi pas.
- Je dois vous signaler qu’il se nomme Barnabé et qu’il est là.
- Hé bien enchanté Barnabé. Enfin Bonjour.
J’essaye de garder mon sérieux et de jouer le jeu car Marie Pierre est elle aussi présente à me faire des signes d’approbation et d’encouragement. Et puis que je ne veux pas la peiner vu que c’est son cadeau.
- Alors est ce que vous avez préparé des questions ?
- Non.
- Vous voulez quand même en poser une ?
- Hé bien oui… qu’est ce qu’il attend pour se mettre au travail ? Lancais je en guise de mini provocation.
Et là elle me répond avec sérieux:
- Mais il n’arrête pas.
Et alors là ce fut la première fulgurance, comme si tout d’un coup je prenais conscience d’être un enfant gaté de la vie.
Car même si j’étais focalisé sur tous mes problèmes immédiats j’étais conscient que cela aurait pu être encore bien pire. Je pourrais être encore au chômage, comme avant la publication des fourmis, je pourrais être encore journaliste, je pourrais avoir des problèmes de santé.
Et tout d’un coup me revint tous les moments où cela aurait pu être catastrophique et évité de justesse comme par enchantement. Notamment les fois où en traversant la rue j’ai évité de peu une voiture qui ne m’avait pas vu et qui était sur le point de m’écraser.
J’ai eu le sentiment d’être ingrat envers tous ces petits miracles inexpliqués qui pourraient accessoirement être attribués à cet ange gardien Barnabé.
Et alors j’ai éclaté de rire et je n’ai prononcé qu’une phrase :
- Heu … alors dans ce cas je lui dis merci. Enfin dites lui merci de ma part.
- Il vous entend et vous répond « de rien c’est avec plaisir ».
Dès lors après ce premier éclat de rire l’atmosphère s’est détendue… et elle m’a dit :
- Voulez vous connaitre vos vies antérieures?
- Heu… vous savez je n’y crois pas vraiment. En général, dans les récits de vies antérieures tout le monde est César, Cléopatre, Napoléon ou Louis XIV alors que dans la réalité 99 % des gens étaient soit paysans, soit soldats, et mourraient en moyenne vers 40 ans après avoir eu des vies tristes et sans aucune aventure ni voyage.
- En effet. Vous êtes une vieille âme. Vous avez eu au total 112 vies et la plupart étaient comme vous dites des vies banales, mornes, sans intérêt spécial. Mais je me proposais de vous raconter les 11 les plus intéressantes. Déjà vous voulez savoir peut être si des gens à coté de vous étaient déjà dans vos vies précédentes ?
- Ma mère?
- Hé bien votre mère était votre fille dans votre vie précédente.
Nouvel éclat de rire car la veille, alors que mes parents venus de Toulouse étaient installés chez moi j’avais dit à ma mère sans réfléchir “Et maman il faudra penser quand même à ranger ta chambre”.
- Et mon père?
- Votre père a été dans une vie antérieure un ennemi qui est ensuite devenu un ami. Jusqu’à la fin de cette vie là vous avez été très complices.
Là encore cela résonne de manière très correcte par rapport à ma vie actuelle.
Nous passons ensuite en revue la plupart de mes amis et peut être par phénomène de chance ou de suggestion elle tombe à chaque fois juste dans le rapport à ces personnes.
Je commence à être intrigué, et sachant que je n’aurai jamais la patience de réécouter la cassette je sors mon ordinateur portable et commence à prendre des notes.
Je sens qu’elle va me fournir de la matière à écriture.
Elle me raconte ma vie ou j’ai été samouraï. Elle m’explique que c’était une vie ou j’étais obnubilé par les objets, sabre, tenue, casque et ce qui me plaisait était l’art du combat que je voulais mener par une exigence de perfection personnelle.
Pas de famille, pas de possession, juste une succession de déplacement pour faire des guerres ou des duels et toujours cette recherche du meilleur katana, et de la plus belle tenue de combat.
Mon plaisir était dans l’obéissance à mon shogun. Je ne posais pas de question, j’obéissais, je tuais ou je guerroyais pour lui sans même savoir qui étaient vraiment ses ennemis.
Mais au moment je me suis aperçu que je n’avais fait qu’obéir a mon shogun j’ai compris que je n’avais pratiquement pas utilisé mon libre arbitre et que je ne savais même pas les raisons pour lesquelles je combattais des gens qui après tout n’étaient que des étrangers que je ne connaissais même pas et avec lequel je n’avais même pas commencé à discuter.
Et à la fin de cette vie j’avais eu une prise de conscience qui m’avait poussé à ne plus vouloir pour mon âme aucune vie dans laquelle j’obéirai à un chef, et des vies où je pourrai réfléchir et utiliser mon libre arbitre quitte à en assumer les conséquences, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
Grâce à cette évocation je saisis mieux cette allergie a toutes sortes de chefs ou d’autorités qui m’a valu déjà pas mal de difficulté dans les cours de classe tout comme dans les cours de récréation (et ensuite dans les rédactions).
En fait depuis ma naissance je ne supporte pas les hiérarchies sauf si mes supérieurs détiennent un savoir ou une expérience que j’ignore. En dehors de cela toute forme d’autorité auto-proclamée me donne envie de fuir.
Autre détail plus troublant : du fait de mon problème de rhumatisme d’enfance (voir l’histoire élément de puzzle numéro 04 «Un arbre dans le dos des rêves au bout des doigts ») je devais faire de l’exercice pour me débloquer les articulations même si j’étais peu enclin a la gymnastique. Quand, à l’âge de 15 ans, je dus choisir un sport j’avais spontanément répondu à mes parents que le seul sport qui pourrait me donner envie d’y aller régulièrement était le “combat au sabre” donc le “Kendo japonais”. Or à Toulouse, il n’y avait aucun club proche. Par dépit, je m’inscrivais à quelque chose qui ressemblait vaguement un art martial français : la canne de combat.
C’est un baton de noyer d’un mètre qu’on manie un peu à la manière des sabres lasers de la guerre des étoiles. Ce sport est très ancien et comprend différents coups et figures qui le font s’approcher des arts martiaux japonais.
Le cours était à effectif très réduit dans la mesure ou nous n’étions que 5 élèves. Très vite je fus formé et cela me plaisait suffisamment pour que je commence à faire de la compétition.
Je me souviens que lorsque j’enfilais la tenue avec le casque, la veste matelassée, les longs gants et dès que je serais la canne pour me mettre en garde et saluer mon adversaire, il se passait quelque chose d’étrange : je réveillais une sorte de guerrier enfoui dans ma mémoire cellulaire.
Toujours est-il que je m’avérais étonnement souple, rapide, combatif. Les figures, les sauts, les mouvements circulaires ou les passages de l’arme de main en main étaient fluides sans même que j’y pense (pour ceux qui ne connaisse pas c’est un sport beaucoup moins rectiligne que l’escrime on est dans un cercle et on peut tourner voire sauter au dessus de l’adversaire).
Si bien que gagnais une à une les compétitions au point de terminer en quart de finale à Paris.
Je me souviens de cette étrange sensation : dès que le départ était donné je fonçais sur mon adversaire avec une sorte de rage et n’avait qu’une envie le vaincre.
J’arrivais à sauter, tournoyer, feinter, avec une rapidité d’autant plus étonnante qu’en dehors de cela j’étais pratiquement handicapé.
Le combat me mettait en transe, avec de l’adrénaline qui fusait dans mes veines et les hourras de mon équipe au moment de la victoire me provoquait une giclée d’endorphine.
Moi, si pacifique, si maladroit, si peu à l’aise avec mon corps je m’avérais un guerrier convenable lorsque j’avais la tenue et lorsque c’était dans un cadre autorisé. Et dès que j’enlevais la tenue, tout s’arrêtait et je redevenais normal.
L’allusion à ma vie précédente de samouraï me semblait enfin une explication à ce phénomène jusque là bizarre.
Je réveillais une vieille mémoire (le fait qu’a l’époque je ne mangeais pratiquement que de la nourriture japonaise ne faisait que corroborer ce premier sentiment, voir histoire élément de puzzle numéro 2 «Rimbaud et les sushis »).
Ensuite Monique me raconta une seconde vie qui me troubla.
J’avais été femme de harem en Egypte probablement durant la période de l’antiquité.
Dans cette vie j’avais vécu enfermée dans le harem et même si le lieux était confortable, on y mangeait bien et il y avait une piscine au centre, je m’ennuyais ferme avec les autres femmes d’autant plus que le propriétaire du lieu ne daignait même pas nous faire l’amour pour des raisons que j’ignorais. Dans cette vie là selon Monique je m’étais faite amie avec l’un des eunuques, qui était devenu mon complice et mon confident (un type charmant avec beaucoup d’humour) et nous passions nos soirées sur la terrasse supérieure à sortir des blagues sur les autres filles et à observer les étoiles pour les noter sur des parchemins.
Il s’avère que depuis l’âge de 13 ans, j’ai toujours été passionné par l’astronomie et que je restais à la SAPT (société d’astronomie populaire toulousaine) souvent des heures à observer les étoiles en haut de la tour de ce club.
Cela me semblait une sorte d’état naturel où je me sentais bien, tourné pendant des heures vers ces petites lueurs palpitantes.
Donc passion pour le combat au sabre plus fascination pour l’astronomie pouvaient trouver une explication dans ces deux vies antérieures : samouraï et femme de harem.
Monique me raconta 11 autres de mes vies et c’étaient comme 11 films dont j’étais le héros avec un début un milieu et une fin cohérente.
Je lui dis “soit vous racontez à tous la même chose soit vous êtes très douée pour inventer des histoires différentes pour chacun, mais en tant qu’écrivain je reconnais qu’il n’est pas facile d’inventer aussi vite 11 histoires aussi réalistes avec un début un milieu et une fin”.
Selon elle dans ma première vie sur Terre j’étais atlante. Et encore avant j’avais fait partie des gens d'une autre planète qui avaient initié un voyage en vaisseau spatial pour arriver sur cette Terre (plus tard cette remarque m’inspirera d’ailleurs le roman “LE PAPILLON DES ETOILES”)
A la fin de la séance j’étais dans une sorte de joie et de jubilation d’enfance. La même que je ressentais quand mon père me racontait des histoires de la mythologie grecque avant que je ne me couche. Elle avait réveillé ma propension à être émerveillé par les récits.
Mon esprit était rempli d'images, de scènes exotiques, de décors merveilleux, il me semblait me souvenir d'instants fugaces qui ne faisaient pas partie de mon passé.
Je lui ai dit “Excusez-moi pour ma méfiance de départ, je ne sais pas si ce que vous m’avez raconté est vrai ou faux et d’une certaine manière cela n’a aucune importance, par contre ce que je constate c’est que je suis arrivé ici en étant un peu déprimé, vous m’avez parlé et cela m’a complètement revigoré’. Donc encore une fois mille mercis, c’est un superbe cadeau d’anniversaire que j’ai reçu et que j’apprécie ».
Par la suite, je revis Monique une dizaine de fois et à chaque fois je repartais avec un sourire.
A sa demande je dédiais le livre suivant “le Père de nos pères” à mon ange gardien Barnabé, et ce n’est que plusieurs années après notre première rencontre que je lui dédie aujourd’hui “Depuis l’au delà”.
Par la suite, je l’ai revue normalement et nous avons parlé de sa vie (je me suis inspiré de vrais épisodes de sa vie pour faire la jeunesse de mon personnage de Lucy l’héroïne de mon roman “Depuis l’au delà”, notamment l’épisode où elle a été sauvée de prison à l’âge de 28 ans , injustement accusée d’être trafiquant de fausse monnaie, parce que dénoncée par son amant gangster et comment elle a pu tenir psychologiquement lors de son incarcération grâce à l’usage des cartes de tarot qui l’a rendue star dans la prison).
Monique est devenue mon amie. Je ne sais pas à quoi elle était connectée mais en tout cas cela lui faisait du bien et cela faisait du bien à son entourage de l’écouter.
Je ne veux évidemment convaincre personne qu’elle avait un pouvoir magique, (d'ailleurs je ne suis même pas sur d'y croire vraiment) mais je dois constater qu’elle m’a non seulement rassuré à l’époque sur mon avenir, mais qu’elle m’a donné des idées que j’ai utilisé pour mes romans et je voulais ici lui en rendre hommage.
Monique Parent Baccan est morte le 3 septembre 2006. Elle ne cessait de grossir. Plus elle pratiquait son art de se connecter aux mondes invisibles plus elle s’épaississait. Cela l’a probablement tué. Il y a un prix à payer pour avoir des pouvoirs spéciaux, selon moi elle s’est sacrifiée pour continuer à faire du bien aux gens par sa parole.
PS : Cinq ans plus tard j’ai rencontré une autre médium, Véronique. Alors que nous étions en fin de séance, Véronique me demande :
- Vous aviez une autre médium avant moi?
- Oui pourquoi?
- Hé bien elle est très méfiante ou alors elle tient beaucoup à vous.
- Qu’est ce qui vous fait dire ça ?
- En fait elle est à cet instant, pile juste derrière moi à surveiller ce que je vous raconte pour vérifier si je ne vous dis pas de conneries.
Sacrée Monique.
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